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Liberté sexuelle : Une polémique de plus !

13/07/2012 - Le débat sur la liberté sexuelle bat son plein depuis quelques temps. Evoqué en premier par l’AMDH (Association marocaine des droits de l’Homme), à travers sa présidente Khadija Ryadi, l’idée de la dépénalisation des relations sexuelles en dehors de l’institution du mariage continue de chauffer les débats de manière très surprenante. Au-delà des conversations de salons et autres cafés, la question a été même été abordée au Parlement. Entre ceux qui revendiquent la liberté individuelle de tout un chacun dans quelques domaines que ce soient, et ceux qui crient au scandale, à l’incitation à la débauche, … les esprits se chauffent.  Le point culminant fut la déclaration d’un journaliste pour qui «sa mère», «sa sœur» et «sa fille» peuvent disposer librement de leur corps ; suivie de la réaction d’un Imam Oujdi pour que chacun y aille de ses propres interprétations et arguments pour grossir encore et encore le débat. Lequel débat, paraît aujourd’hui, assez déplacé. A-t-on réglé tous les problèmes des Marocains pour penser à leur sexualité ? L’école marocaine est au top, le système de santé est parfait, on a éradiqué la corruption, on a réglé le problème des SDF, les transports en commun sont disponibles, les droits des filles en milieu rural, le harcèlement sexuel, ….. et la liste est loin d’être finie. Et là, nous sommes assez surpris que les associations féministes ne se sont pas trop fait entendre sur la question. «Pour des femmes souvent considérées comme des objets sexuels, cele ne risque-t-il pas d’enfoncer le clou ?»

Pour de nombreux observateurs, il s’agit d’un faux débat. Le code pénal dans son article 490 criminalise les relations sexuelles entre deux adultes non mariés, mais en réalité, il est peu ou pas appliqué. «Il s’agit d’un interdit toléré», lance M.Barkaoui sociologue à Casablanca. Et de poursuivre «la société marocaine a beaucoup évolué».


En effet, il n y a qu’à faire un tour sur la corniche et autres quartiers branchés de Casablanca pour s’apercevoir, que des jeunes couples s’embrassent, s’enlacent, se caressent, …sans la moindre gêne et sans que personne ne les dérange et sans pour autant être taxées de filles de légères moeurs. De même la majeure partie des établissements hôteliers classés  ne demandent quasiment jamais à leurs clients de présenter un justif de mariage. « Cela veut dire que le Maroc est une société tolérante. S’il est vrai que la religion musulmane est celle de l’Etat, on n’est pas très regardant au fond. Celui qui veut être pieux le peut, celui qui choisit d’être libertin le peut également. Aujourd’hui, la majeure partie des mariages au Maroc, à l’exception des campagnes, se font après que le couple se soit fréquenté, voyagé ou vécu ensemble. Il arrive souvent que des étudiants ou des jeunes cadres loin de leur famille partagent le même appart pendant des années avant d’officialiser leur union. Et c’est souvent un secret de Polichinelle.», explique le sociologue.

Est-ce à dire que la société marocaine souffre de schizophrénie, ou plutôt une société tolérante tout simplement ? Si on se réfère à la Constitution, il est clair que l’Islam est la religion de l’Etat. Par conséquent, abroger l’article 490 du code pénal voudrait tout simplement dire qu’il faut une nouvelle réforme de la Constitution.

Leila Ouazry